Quand la Mythologie fabrique la légitimité

Cet article explore la projection identitaire, un mécanisme par lequel un groupe dominant s’approprie l’histoire, l’héritage et la légitimité d’un autre. À travers l’exemple de la colonisation et la création de nations, je démontre comment mythologies collectives, textes sacrés et récits fabriqués servent à justifier l’injustifiable. Entre analyse historique, réflexion philosophique et regard critique sur le pouvoir, ce texte interroge nos croyances, nos conditionnements et la responsabilité collective face à la vérité.

IDENTITÉS, SOCIÉTÉ & POUVOIR

Transmitho

8/14/20257 min read

Comment des colons peuvent-ils se percevoir comme des autochtones et considérer les habitants légitimes comme des squatteurs ?! Pour moi, cela n’a aucun sens.

Pourtant, ce mécanisme a un nom : la projection identitaire. Une réalité fabriquée, entretenue par des conditionnements puissants et transmises de génération en génération.

La projection identitaire est un phénomène psychologique et sociopolitique dans lequel un groupe dominant s’attribue une identité qui ne lui appartient pas, tout en dépossédant l’autre de la sienne. Elle fonctionne comme une distorsion de la mémoire collective : les colons s’approprient l’héritage symbolique et territorial de ceux qu’ils supplantent, jusqu’à en faire un élément central de leur propre récit. C’est ainsi que naissent les mythes de légitimité, où l’envahisseur se convainc – et convainc les autres – qu’il est chez lui, que son pouvoir est naturel et même divin. Comme l’explique l’historien Patrick Wolfe, les colons doivent réécrire l’histoire pour justifier leur présence, effaçant ainsi les traces des peuples qu’ils ont spoliés.

Comment des athées peuvent-ils utiliser la Bible (ou tout autre texte dit “sacré”) comme titre de propriété de la terre d’un ‘’peuple’’ ? J’ignore s’ils étaient conscients de leur absurdité ou s’ils étaient tellement convaincus qu’ils ont réussi à persuader (presque) tout le monde.

C’est écrit, donc c’est vrai. C’est vrai parce que c’est écrit. Extraordinaire comme argument !

Dans ce contexte, la projection identitaire ne s’arrête pas à une simple illusion, elle devient un instrument de domination. Ce n’est pas seulement une manière d’occulter l’injustice, mais de la rendre imperceptible aux yeux du plus grand nombre. Elle permet aux colons de se voir comme les héritiers légitimes d’une terre qu’ils ont conquise par la force, tout en diabolisant les peuples qu’ils ont spoliés. On transforme les victimes en agresseurs, les résistants en criminels, les oppresseurs en bienfaiteurs.

N’ayant aucune logique dans ce raisonnement, je vais en conclure une chose simple : la fin justifie les moyens.

L’humanité s’est enfermée dans des mythologies dont elle ne peut plus s’extraire, au risque de s’effondrer. La colonisation par prédation des ressources est une réalité sombre que j’ai fini par accepter, mais utiliser un livre pour justifier des actes inhumains est une aberration ! Cela révèle une ignorance profonde de notre nature et de notre place sur cette terre. Nous nous somme retrouvés piégés dans des mythologies qu’on n’ose plus remettre en question et nous préférons nous complaire dans des illusions plutôt que d’affronter notre propre incohérence.

Venez, nous allons découvrir comment la projection identitaire façonne non seulement notre perception de l’histoire, mais aussi les injustices qui en découlent, en nous enfermant dans des mythes collectifs qui nourrissent la domination et l’oubli de la vérité.

Pouvoir Divin : quand le mythe justifie l’injustifiable

Ces gars ont un but.

Supposons qu’il n’y ait pas d’agenda occulte et qu’ils aient simplement des aspirations humaines classiques : obtenir du pouvoir, réaliser un fantasme (comme Musk sur Mars) ou créer une simulation collective avec notre consentement silencieux.

Pour atteindre leur objectif, ils utilisent tous les moyens à leur disposition, sans la moindre aspiration altruiste ni sens de l’abnégation. Juste le désir pur et brut, guidé par une force qu’ils ne contrôlent même pas, comme des enfants inconscients, propulsés par une force qui les dépasse.

Pourquoi pas, après tout ? Pourquoi ne pas explorer ses propres désirs et voir où ils mènent, à condition de ne pas porter atteinte à autrui ? Mais une question fondamentale demeure : y a-t-il seulement de la sagesse dans l’expression pure d’un désir ? Car sans une once de sagesse, un désir brut peut très vite devenir destructeur.

Prenons la création d’un état nommé Israël et imaginons que j’aie le désir brûlant de m’y installer (ce désir étant appuyé par une propagande collective…). Il se trouve que cet endroit est déjà peuplé depuis de nombreuses générations. Ma conscience voudrait que je commence par observer, comprendre les dynamiques en jeu et négocier. Je ne suis pas certaine que ce soit la démarche de ceux qui ont impulsé le projet, loin de là. Il est vrai que le contexte historique de l’époque impliquait une certaine urgence : la situation des juifs en Europe était catastrophique, il fallait agir vite pour minimiser les dégâts. Ceci dit, des esprits plus éclairés et dotés d’un sens de la justice plus affûté auraient tout fait pour trouver un équilibre entre cette urgence et un projet à long terme qui soit équitable pour les différentes parties.

Dans le cas précis que j’expose ici pour vous illustrer l’existence de mythologies qui régissent nos réalités, il existe une volonté d’imposer une situation à une autre partie. Violence et manipulation sont employés et quoi de mieux que des textes bibliques pour justifier l’injustifiable ? La justification divine en est un outil redoutablement efficace. « Ce n’est pas moi qui l’ai dit, c’est Dieu ». L’argument parfait pour imposer sa présence de gré ou de force. Dans notre cas précis, c’était surtout de force. L’existence des habitants présents sur place ne comptait tout simplement pas : c’était une réalité niée.

C’est ce qu’on pourrait appeler : L’effet peuple élu. Une construction identitaire basée sur un sentiment de supériorité divine, menant à un sentiment d’impunité absolue.

  • Je fais partie du peuple élu, donc Dieu me protège.

  • Je fais partie du peuple élu, donc les autres sont des infidèles.

Cette logique mène irrémédiablement à la déshumanisation des « autres », ces qui ne partagent pas cette croyance.

Le concept de mission divine me fait sourire. Je le comprends, pourtant. Il est humain d’avoir besoin d’un but pour avancer. Lorsque je me fixe un objectif, je me sens investie d’une mission qui me donne la force et la discipline nécessaires pour l’accomplir. J’ai moi-même fait de ma quête d’authenticité une mission de vie. Cela implique d’observer mes pensées, d’accepter les conséquences de mon refus de dogmes établis et d’attirer des personnes acceptant ma vision.

Une mission ‘’divine’’ n’est pas confiée à n’importe qui ! D’ailleurs où et comment on nous la confie ? Via un rêve ? Une lettre avec accusé de réception? Qui valide l’origine de la mission ? Désolée mais une mission qui implique l’assassinat d’êtres vivants n’a rien de divin et tous les raisonnements auss farfelus les uns que les autres ne dérégleront pas mon prisme. Ce n’est ni plus ni moins une rationalisation du mental qui permet de contourner les effets d’un conflit interne béant. Ainsi, la construction d’un masque occultant la faiblesse et vulnérabilité est justifiée. Toute l’arrogance est dans le concept même du peuple élu : si un peuple est « choisi » pour une mission divine, cela n’implique-t-il pas qu’il soit supérieur aux autres ? Autrement, ‘’Dieu’’ ne leur aurait pas confié une mission d’une telle envergure !

C’est là que le concept dérape. L’illusion de grandeur nourrit l’égo collectif et justifie les pires atrocités.

Une autre compréhension de ce concept de mission divine pourrait être mise en avant en soulignant la lourde responsabilité d’une mission d’une telle importance : le dévouement à un chemin spirituel qui implique un certain renoncement aux quêtes de ce monde. Ça c’est un idéal que je comprends parfaitement. Ceci dit, il ne correspond pas à la réalité. Il sera utilisé et détourné de son essence. En bref, une véritable mission spirituelle implique humilité et renoncement, mais ici elle est instrumentalisée pour asseoir un pouvoir terrestre.

Les dynamiques des groupes et les mythologies collectives

Toute croyance s’appuie sur une narration. Les sectes, les groupes religieux, les nations : tous fonctionnent sur des histoires qu’ils tissent et entretiennent.

Dans cette narration, la cohérence est la clé. Peu importe que l’histoire soit absurde, tant qu’elle est structurée, elle peut être adoptée par des milliers, voire des millions de personnes. Une expérience que nous connaissons tous se trouve dans nos rêves : vous êtes-vous déjà réveillé d’un rêve absurde qui vous semblait pourtant totalement logique sur le moment ? Ou alors avez-vous eu une sensation d’absurdité mais y avez cru et joué le jeu comme si c’était ‘’pour de vrai’’ ? C’est exactement ainsi que fonctionnent les grands conditionnements collectifs !

Un gourou charismatique, un initiateur de secte obsédé sexuel, un leader politique : ils savent comment manipuler les esprits. Ils mêlent des faits réels (ou disons factuels) et des éléments fictionnels, construisent des liens et rendent leur mythologie crédible. Ils exploitent les failles humaines, comme le besoin d’appartenance par exemple, pour asseoir leur domination.

C’est ainsi que des personnes finissent par tuer au nom d’une idée qui les dépasse, que d’autres s’ôtent la vie (et celle des autres au passage…) dans l’espoir d’un au-delà meilleur.

Nous avons été conditionnés à absorber des croyances qui nous éloignent de nous-mêmes. Ces identités artificielles nous enferment, jusqu’à nous faire commettre l’irréparable sans le moindre remords.

Que voulons-nous vraiment Être ?

Il est essentiel de questionner nos conditionnements.

  • Sommes-nous prêts à voir la réalité en face ?

  • Oserons-nous identifier en nous ces croyances qui nous entravent ?

  • Qu’est-on prêt à « lâcher » pour retrouver notre véritable nature, débarrassée des illusions ?

Est-il plus courageux d’accepter certaines vérités dérangeantes ou de s’enfermer dans une perception de soi faussement grandiose ?

La réponse appartient à chacun de nous.

« Convaincus d’être choisis, ils avancent sans voir les ruines qu’ils laissent derrière eux. »

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