
Sommes-nous maîtres de nos apprentissages ou de simples produits du conditionnement ?
Cet article explore les théories du conditionnement de Pavlov et Skinner, tout en interrogeant notre liberté d’apprendre. À travers exemples concrets et réflexions personnelles, je montre comment nos croyances, émotions et environnements influencent nos apprentissages… et comment il est toujours possible de se reconditionner.
APPRENTISSAGE, PSYCHOLOGIE & TRANSFORMATION
Transmitho
8/29/20257 min read
Un chien, une cloche, et un physiologiste distrait
Imaginez un instant un laboratoire exigu et encombré. Des éprouvettes scintillantes s’entremêlent et des carnets de notes gribouillés à la hâte traînent ici et là…
Ce laboratoire, c’est celui d’Ivan Pavlov, ce célèbre physiologiste russe, qui avait des chiens bien nourris de chair saignante et de pain rassis.


Un jour, alors qu’il s’apprête justement à nourrir ces animaux impatients, il remarque quelque chose d’étrange : avant même que la nourriture appétissante n’apparaisse, ses chiens commencent à saliver abondamment. Pavlov fronce les sourcils, perplexe. Un coup d’œil rapide à sa montre. Il n’a pourtant rien fait d’inhabituel… sauf sonner une cloche, comme à son habitude, avant d’apporter les repas. Il se demande un instant si une force mystérieuse joue avec ses expériences. Est-ce un fantôme canin du passé venu troubler son laboratoire studieux ? Mais très vite, l’idée géniale et révolutionnaire lui vient : ses chiens ont tout simplement associé la cloche cristalline à l’arrivée tant attendue de la nourriture !
C’est ainsi que naquit l’une des découvertes les plus influentes et fascinantes de la psychologie : le CONDITIONNEMENT CLASSIQUE.
Mais alors, cette idée signifie-t-elle que nous sommes tous programmés à apprendre d’une seule et même manière toute notre vie ?
Comment se produit ce conditionnement ?
Pour commencer, le conditionnement est un phénomène mental. Il nous permet d’acquérir de nouveaux comportements et connaissances. Il se produit dans notre cerveau lorsque des connexions neuronales se renforcent par la répétition d’une association entre un stimulus et une réponse.
Alors, comment ces mécanismes influencent-ils notre perception et nos décisions au quotidien ?
Depuis le 20ᵉ siècle, plusieurs approches ont tenté de répondre à cette question, notamment à travers la psychologie cognitive et particulièrement via le courant comportementaliste (behaviorisme).
Pourquoi apprenons-nous ce que nous apprenons ?
Avez-vous déjà remarqué à quel point certains concepts vous viennent naturellement, alors que d’autres semblent impossibles à assimiler ? Ce n’est pas simplement une question de talent. Notre manière d’apprendre est largement influencée par notre environnement et nos expériences passées.
Très tôt, lorsque je travaillais avec les enfants en bas âge, j’étais fascinée par le processus d’apprentissage qui se déroulait sous mes yeux. C’était dans ces moments-là que je prenais conscience de l’importance d’un environnement adapté pour chaque forme d’apprentissage ! J’observais tellement de choses ! Malheureusement (ou heureusement), le travail seul des éducateurs ou enseignants ne suffit pas : le noyau familial peut se révéler fondamental ! Par exemple, un enfant qui grandit dans une famille où la curiosité est encouragée développera probablement un goût pour l’exploration et la découverte. À l’inverse, s’il est constamment puni lorsqu’il pose des questions, il pourra associer inconsciemment la curiosité à un danger potentiel. C’est ici que les théories du conditionnement entrent en jeu.
Le conditionnement par association : notre cerveau, une machine à relier les points
Imaginez que chaque expérience vécue crée un réseau de connexions dans votre cerveau, comme je vous l’ai déjà dit plus haut. Plus ces connexions sont renforcées, plus elles deviennent automatiques. Par exemple, si chaque fois que vous entendez une alarme, vous ressentez un stress immédiat, c’est parce que votre cerveau a associé ce son à un signal de danger. Ce type de conditionnement repose sur le processus d’associations entre stimuli et réponses.
Pavlov et le conditionnement classique
Comme nous l’avons vu avec l’anecdote de Pavlov, le conditionnement classique repose sur une association entre un stimulus neutre (une cloche) et un stimulus inconditionnel (de la nourriture). À force de répétition, le cerveau finit par déclencher une réponse automatique. Ce mécanisme est omniprésent dans notre vie quotidienne : pourquoi pensez-vous que les jingles publicitaires restent en tête ? Quant aux amateurs de café, impossible d’ignorer l’impact de cette odeur du matin sur votre état d’éveil : l’association est instantanément faite, même avant la première gorgée !
Skinner et le conditionnement opérant
B.F. Skinner, quant à lui, a développé le concept de conditionnement opérant. Selon lui, nous apprenons principalement par renforcement. Si une action est suivie d’une récompense, nous avons plus de chances de la reproduire. À l’inverse, un comportement associé à une conséquence négative aura tendance à disparaître. Ce principe est utilisé dans l’éducation, le management et même les algorithmes des réseaux sociaux qui exploitent notre besoin de gratification immédiate !
Le conditionnement classique (Pavlov) repose donc sur l’association d’un stimulus neutre et d’un stimulus inconditionnel pour provoquer une réponse automatique, tandis que le conditionnement opérant (Skinner) est basé sur l’apprentissage par renforcement, où les comportements sont influencés par les récompenses ou punitions qui suivent l’action.
Pourquoi certains changements sont-ils si difficiles ?
Si nous apprenons en fonction des associations que notre cerveau établit, comment pouvons-nous nous déconditionner ? Par exemple, si vous avez été habitué à penser que vous êtes « nul en maths » depuis l’enfance, il est probable que vous évitiez inconsciemment toute situation impliquant des calculs. J’ai connu une personne en particulier qui m’a marqué sur ce point : à chaque fois que je faisais un calcul banal en sa présence, je voyais son visage se figer et son corps se crisper ! C’est sa croyance limitante (je suis nul en maths) qui l’amenait à cette réponse physique. Cette croyance limitante repose sur un conditionnement renforcé par ses expériences passées.
Sortir de ce schéma est possible et demande une rééducation du cerveau.
Sans les détailler, voici quelques stratégies :
Modifier son environnement : Limiter l’exposition aux stimuli négatifs et favoriser des expériences qui renforcent une nouvelle perception de soi.
Prendre conscience du conditionnement : Identifier les schémas qui nous enferment dans une manière d’apprendre spécifique.
Expérimenter de nouvelles approches : Tester différentes méthodes d’apprentissage peut permettre de contourner des blocages cognitifs.
Renforcer progressivement les nouveaux comportements : La fréquence d’exposition et la répétition sont essentielles pour ancrer de nouvelles habitudes cognitives.
Et surtout, il faut du temps ! Le cerveau adore ses vieilles habitudes, car elles lui procurent une forme de sécurité et d’économie d’énergie. Chaque comportement ancré suit des circuits neuronaux bien établis, comme un sentier que l’on emprunte depuis des années. Changer demande de créer de nouvelles connexions, ce qui, au début, peut sembler difficile et inconfortable. Mais avec de la répétition et de la persévérance, ces nouvelles voies neuronales se renforcent, jusqu’à devenir aussi naturelles que les anciennes. C’est ainsi que l’on peut progressivement transformer ses croyances et ses automatismes.
« Le véritable défi n’est pas de comprendre comment nous avons appris, mais de comprendre comment nous pouvons apprendre autrement. »
B.F. Skinner.
Imaginons par exemple que vous ayez toujours cru que vous n’aviez pas la « main verte ». À chaque fois que vous tentez de faire pousser des plantes, elles finissent par dépérir, renforçant ainsi votre croyance que vous êtes incapable de jardiner. Résultat ? Vous évitez inconsciemment de vous occuper de plantes, persuadé d’être voué à l’échec.
Pour vous déconditionner, vous pourriez commencer par modifier votre environnement en choisissant des plantes faciles d’entretien, qui demandent peu d’efforts pour survivre. Ensuite, vous prendriez conscience de votre conditionnement en réalisant que vos échecs passés étaient peut-être dus à un manque d’informations plutôt qu’à une incapacité innée ! Vous pourriez alors expérimenter de nouvelles approches, comme tester différentes méthodes d’arrosage ou observer les plantes avec plus d’attention. Enfin, en célébrant chaque petite réussite (une plante qui fleurit, un semis qui germe), vous renforceriez progressivement votre nouveau schéma mental : ‘’avec de la patience et de l’apprentissage, je peux tout à fait réussir à jardiner’’.
Ainsi, au fil du temps, votre cerveau associerait le jardinage non plus à l’échec, mais à une activité gratifiante et accessible.
L’importance des affects et des croyances dans le conditionnement
Si les théories behavioristes expliquent en grande partie nos apprentissages de base, elles ne suffisent pas à rendre compte des apprentissages complexes et de haut niveau, comme l’apprentissage du piano par exemple ou la peinture. En effet, les processus cognitifs tels que la motivation, les croyances personnelles et les affects jouent un rôle fondamental.
Les affects : Nos émotions influencent notre capacité à apprendre. Une personne motivée et enthousiaste aura plus de facilité à intégrer une nouvelle information qu’une personne stressée ou anxieuse.
Les croyances : Si vous croyez que vous êtes incapable d’apprendre une langue étrangère, il y a de fortes chances que vous confirmiez cette croyance par vos actions (ou votre inaction). C’est aussi simple que ça.
Les stratégies métacognitives : La manière dont nous réfléchissons à notre propre conditionnement influence aussi nos résultats. Se poser des questions sur ce que l’on apprend, essayer de relier les nouvelles connaissances à des expériences passées ou encore varier les sources d’apprentissage sont des moyens d’optimiser notre progression. Si par exemple, vous avez déjà ressenti cette peur de prendre la parole en public, vous savez combien cela peut être paralysant. Peut-être avez-vous, comme beaucoup, cette croyance que vous êtes « mauvais pour parler devant un groupe », ce qui vous pousse à éviter ces situations. Pour sortir de ce cercle vicieux, pourquoi ne pas essayer une stratégie métacognitive simple : commencez par vous entraîner devant un miroir, puis devant quelques amis de confiance, en vous observant et en ajustant votre discours. Vous verrez que, petit à petit, vous pourrez transformer votre anxiété en confiance, et vos croyances limitantes se dissiperont.
Apprendre, désapprendre et se reconditionner
Sommes-nous de simples marionnettes dans le grand théâtre du conditionnement ? Des danseurs obéissants aux sonorités de cloches ? Oui et non !
Nos apprentissages sont fortement influencés par notre environnement et nos expériences, mais nous avons aussi la capacité de remodeler nos schémas d’apprentissage. Si les théories du conditionnement de Pavlov et Skinner expliquent comment nous développons certaines habitudes, elles ne suffisent pas à comprendre l’ensemble des mécanismes d’apprentissage, en particulier pour les apprentissages complexes.
Pour comprendre pleinement le conditionnement humain, il est essentiel de prendre en compte les mécanismes de pensée des individus, leurs croyances et leurs affects. En d’autres termes, nous ne sommes pas seulement des machines à répondre à des stimuli : nous sommes aussi des êtres pensants, capables de remettre en question et de réinventer nos propres façons d’apprendre.
La bonne nouvelle ? Il est toujours possible de se reconditionner, que ce soit pour se débarrasser d’une mauvaise habitude ou pour développer de nouvelles compétences. Alors, vous êtes prêt ? Ou allez-vous encore trouver d’autres excuses ?

Recevez mes Lettres Intimes et Inspirantes
Une fois par mois, une lettre vibrante. Écrits inédits, graines de réflexion et cadeaux à télécharger.
Un espace de création et de transmission pour avancer avec clarté et souveraineté.
Contact direct
contact@transmitho.com
© 2025. All rights reserved.
Navigation rapide
Mentions Légales
Mentions Légales & Conformités
Politique de Confidentialité (RGPD)
Conditions générales de vente (CGV)

